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L’abeille mélipone (Melipona variegatipes), ou « ti poban » pour les intimes, a été décrite pour la première fois en 1893. Depuis, elle a brillé par sa discrétion puisque plus aucune description ni publication la concernant n’a été rapportée jusqu’en 2010.

C’est la date à laquelle François Murgey, entomologiste, a constaté qu’aucune étude sur les abeilles sauvages des Antilles n’avait jamais été réalisée. Dans un contexte de prise de conscience de la perte de biodiversité touchant en particulier les pollinisateurs, un inventaire est alors lancé et permet d’identifier 24 espèces d’abeilles sauvages, dont quatre endémiques des petites Antilles et en particulier « ti bopan », qui serait endémique de la Guadeloupe. Une information à prendre au conditionnel car l’endémisme est plutôt inhabituel en milieu insulaire pour les abeilles, la pollinisation étant majoritairement assurée dans les îles par des vertébrés (colibris, anolis...). D’autre part, des études menées à Cuba ont révélé qu’une autre espèce de mélipone y avait été introduite par les Amérindiens lors de leurs migrations entre le continent et les îles. En effet, ces derniers connaissaient de longue date les vertus thérapeutiques du miel de mélipone. L’enquête suit donc son cours...

En termes de biologie et d’écologie, cette abeille est sociale et constitue des colonies pérennes. Cependant, elle a besoin de conditions très particulières qui, si elles ne sont pas réunies, aboutissent à la perte de la colonie. Cette exigence représente un défi pour la conservation de l’espèce, malgré l’opportunisme de la mélipone lorsqu’il s’agit de s’alimenter : c’est un pollinisateur généraliste, non inféodé à une plante en particulier. Il en résulte une aire de répartition relativement réduite et donc des enjeux quant au morcellement voire la destruction de son habitat, liés aux aménagements, aux défrichements, etc.

De plus, le miel produit par la mélipone attise les convoitises et certains n’hésitent pas à prélever les nids en milieu naturel pour tenter de les domestiquer. Cela aboutit en général à la perte pure et simple des colonies. Pourtant le prix de vente, sous le manteau, de ce miel est suffisamment attractif pour que ces pratiques perdurent, menaçant encore plus la survie de cette espèce.

Forte de ces constats et consciente de ce risque d’extinction, la coopérative des producteurs de miel de Guadeloupe s’est associée au Parc national pour conduire une étude visant à mieux connaître l’abeille mélipone. Il s’agit aujourd’hui de conjuguer les outils méthodologiques que peuvent fournir les scientifiques avec la connaissance du terrain des résidents, afin d’affiner les connaissances de cette espèce et de définir rapidement les mesures appropriées qui permettront de la préserver de l'extinction.

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Avril - 2018