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La tradition en Guadeloupe veut que l’on profite des fêtes de Pâques pour se réunir en famille ou entre amis autour d’un pique-nique ou pour camper sur les plages.

Avec le temps et l’augmentation des revenus, cette tradition a peu à peu mis en péril la sauvegarde des milieux naturels, les campeurs n’hésitant plus désormais à emporter avec eux tout le confort « nécessaire » : groupes électrogènes, gazinières, téléviseurs, câble, satellite, sono, etc. provoquant l'effarouchement de certains oiseaux, l'érosion des plages, l'affaiblissement des arbres accueillant des feux dans leurs contreforts, et l'abandon sur place d’importants volumes de déchets… Les effets négatifs sont finalement bien réels, d’autant que ces activités se répètent lors du week-end de Pentecôte.

Les gestionnaires d’espaces naturels (protégés ou non) ont pris la mesure du phénomène et si les réponses ont d’abord été d’ordre réglementaire (rappel à la loi, avertissements, voire dans certains cas procès-verbaux), force a été de constater que le fondement traditionnel de cette pratique ne facilitait pas la compréhension par le public, celui-ci se sentant dépossédé de son patrimoine naturel.

Fort de ce constat, les gestionnaires ont experimenté une nouvelle approche basée sur la pédagogie et la sensibilisation du public aux enjeux de protection des milieux naturels. Elle prend la forme d’une certaine tolérance sur les infractions mineures, accompagnée de tournées communes sur les sites de camping (Parc national, ONF, DEAL, Conservatoire du littoral, brigades vertes) pour expliquer les raisons de ces interdictions. Elle se concrétise également par des spots d’informations diffusés sur les télévisions locales et sur internet et par l’installation de barbecues sur les aires de pique-nique (voir ce spot de 2013 : https://youtu.be/mO91B6BXfhU).

Après plusieurs années, cette politique commence à porter ses fruits puisque cette année les agents ont constaté un net recul des infractions et des impacts sur le milieu naturel. Voilà donc des résultats encourageants, d’autant plus que malgré d'importants échouages de sargasses cette année, le public était massivement présent sur les sites de camping en forêt comme sur les plages.

Dans la majorité des cas, les gestes écologiquement inappropriés sont le résultat d’une connaissance insuffisante des enjeux. Ce sujet qui confronte des pratiques sociologiques et des enjeux écologiques mérite d’être creusé et les gestionnaires d’espaces naturels restent vigilants quant aux impacts et aux meilleurs moyens de les réduire.

Avril - 2018