Tribune à... Didier Babin
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La tribune à Didier Babin, président du MAB France, qui a participé à la COP 15 de la Convention sur la biodiversité
António Guterres plus MAB que jamais ?
“Par son appétit insatiable de croissance économique incontrôlée et inégalitaire, l’humanité est devenue une arme d’extinction massive.” Voici ce qu’a déclaré António Guterres en amont de l’ouverture de la COP15 sur la biodiversité à Montréal, Canada en décembre dernier. Si autrefois ce type de cri d’alarme était presque inaudible lorsque prononcé par des activistes ou encore des scientifiques, il est considéré autrement plus sérieusement aujourd’hui dans la bouche du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies. Pour la biodiversité comme pour le climat nous devons collectivement réagir et nous mobiliser urgemment et massivement. Lors des récentes négociations internationales, on a assisté à une mobilisation sans précédent des secteurs économiques et de la finance, ainsi que des collectivités territoriales qui ont compris leurs dépendances et leurs impacts sur l’état de la biosphère et donc sur celui du bien-être et de la prospérité de l’humanité, sans parler de leur responsabilité vis-à-vis des générations actuelles et à venir.
Le programme MAB accompagne depuis toujours cette orientation d’un changement de notre lien entre les humains à propos de la planète. Il nous faut notamment modifier notre manière de produire et de consommer dans le respect du vivant… de tous les vivants. Il nous faut aussi revoir notre manière d’utiliser les écosystèmes, éviter de les polluer ou de les dégrader. Il nous faut mieux connaître et faire connaître les liens qui nous unissent à la biodiversité et à nos santés mutuelles. Il nous faut mettre en place des systèmes de suivi et de surveillance pour guider, voire alerter lorsque cela le mérite. Il nous faut restaurer et réhabiliter des écosystèmes ou des populations. Il nous faut surtout mettre le vivant au cœur des processus de décisions publiques et privés, au cœur des projets de société et d’avenir. Ce n’est plus une utopie… c’est une nécessité.
Ces transformations ne pourront pas se faire sans investir considérablement dans la transition écologique de nos territoires et des acteurs de changement. Les Réserves de biosphère expérimentent tous les jours des solutions avec de multiples partenaires et acteurs sur le terrain, mais ne sont pas assez puissantes pour faire véritablement levier au niveau nécessaire. Espérons que les engagements internationaux pris en 2022 (biodiversité, climat,…) et ceux qui, espérons-le, viendront en 2023 (haute-mer, plastique,…) se concrétiseront enfin au travers de soutiens forts envers les acteurs de changement transformatifs et de leur réseaux. MAB France est prêt à s’engager plus fortement encore dans les mois et les années à venir, mais plus de moyens sont indispensables pour atteindre nos ambitions, sans doute en s’alliant à de nouveaux partenaires pour contribuer pleinement à la planification et à la transition écologique de nos territoires.
Je laisse à António Guterres l’appel à l’action qui pourrait être celui de la MABilisation générale : « Agissez pour la nature, agissez pour la biodiversité, agissez pour l’humanité. Ensemble, adoptons et mettons en œuvre un cadre ambitieux, un pacte de paix avec la nature et transmettons à nos enfants un monde meilleur, plus vert, plus bleu et plus durable. »