Tribune à... Didier Babin et Alice Roth
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La tribune à Didier Babin, président du MAB France et Alice Roth, chargée de mission au MAB France et vice-présidente de Co'MAB
Les objectifs du cadre mondial pour la biodiversité, qui devraient enfin être adoptés du 25 avril au 8 mai 2022 lors de la quinzième Conférence des Parties à la Convention sur la Diversité Biologique (CBD-COP 15), pourraient demander la protection de 30 % de zones terrestres et de 30 % de zones marines à l’échelle de la planète Terre par des « aires protégées » et d’« autres mesures de conservation efficace par zone » (connues sous l’acronyme OECM en anglais). Si les aires protégées sont définies depuis longtemps par la Convention sur la Diversité Biologique, l’OECM ne l’est officiellement que depuis la COP 14 de 2018 comme « une zone géographiquement délimitée, autre qu’une aire protégée, qui est réglementée et gérée de façon à obtenir des résultats positifs et durables à long terme pour la conservation in situ de la diversité biologique, y compris des fonctions et services écosystémiques connexes et, le cas échéant, des valeurs culturelles, spirituelles, socioéconomiques et d’autres valeurs pertinentes localement ».
L’introduction de ce nouveau concept vise à élargir la gamme des outils pour la conservation de la biodiversité. Il permettra sans doute d’atteindre plus rapidement l’objectif de 30% de protection sur terre comme en mer. En complément des aires protégées existantes, les OECM nouvellement désignées apporteront-elles des moyens suffisants pour stopper l’érosion de la biodiversité ? Cet outil, bien que nécessaire au vu de l’urgence actuelle, ne répond que partiellement à la question brulante à laquelle doit faire face l’humanité : comment peut-on concilier conservation de la biodiversité et développement durable des sociétés humaines ?
Depuis 50 ans, le programme MAB, au travers de ses réserves de biosphère, expérimente une approche intégrée des territoires. Le zonage des réserves de biosphère propose une organisation territoriale garante d’un équilibre Homme-nature, avec des aires protégées entourées de zones dédiées au développement durable, et vise un objectif plus ambitieux que l’addition d’une aire protégée accolée à une OECM. Pourtant, encore insuffisamment reconnues et peu valorisées, les réserves de biosphère ne disposent pas de moyens suffisants pour relever les défis de la biodiversité et du climat.
En France, 16 réserves de biosphère ont été désignées par l’UNESCO et plusieurs candidatures sont en préparation. A l’échelle mondiale, elles représentent 727 sites, répartis dans 131 pays et recouvrent 6.812.000 km2, soit une surface presque équivalente à l’Australie. Ce réseau dynamique, aux expériences riches et diversifiées, ne doit pas être omis lors de la mise en œuvre du cadre mondial pour la biodiversité et de la Stratégie nationale pour la biodiversité au risque de perdre un temps et une énergie précieux pour inverser la tendance à la dégradation de la diversité biologique. Les réserves de biosphère ont plus que jamais besoin de moyens humains et financiers spécifiques pour mettre en œuvre ce qui fait leur force et leur originalité !