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La tribune à Didier Babin, président du MAB France et Mireille Jardin, membre du Conseil d'Administration de l'association MAB France

Lors du dernier CIC du MAB, la délégation française a soulevé l’importance de mettre en place un système d'alerte pour les sites confrontés à des difficultés et demandé au secrétariat du MAB international de réfléchir à un mécanisme d’alerte qui permette de réagir plus efficacement en cas de projets d’aménagement pouvant constituer des menaces. La mise en place d’un tel mécanisme est de plus en plus d’actualité.

Le MAB France a ainsi été confronté récemment, dans différentes Réserves de biosphère, à des projets qui peuvent être jugés discutables du point de vue du cadre statutaire du Réseau mondial des Réserves de biosphère. C’est le cas en Guadeloupe, où une partie de la zone tampon, en milieu humide, est menacée par un circuit pour motards. Le projet étant situé en dehors de la zone cœur du Parc (aire centrale de la Réserve de biosphère) ne relève pas de sa réglementation, mais n’est certainement pas sans répercussions possibles sur celle-ci. Le MAB France a ainsi alerté récemment le Ministre de la Transition Ecologique et Solidaire.

A Beynac, dans le bassin de la Dordogne, un projet de déviation fortement contesté par des habitants a finalement fait l’objet d’un arrêt du Conseil d’État fin 2018 portant suspension des travaux déjà largement démarrés. Comme une partie des travaux devait toucher l’aire centrale de la Réserve de biosphère, le MAB France avait adressé un dossier à l’UNESCO dès août 2017, afin que soient examinées par le Comité consultatif international pour les Réserves de biosphère les mesures compensatoires prévues et la possibilité d’une révision du zonage. L’avis du comité consultatif a été rendu en 2018 : celui-ci a considéré que les lois et procédures françaises avaient été correctement appliquées et que le Conseil National de Protection de la Nature avait rendu des avis positifs sur les mesures compensatoires.

En proposant une Réserve de biosphère, l’État concerné prend des engagements qui concernent le respect des critères du cadre statutaire. Ceux-ci portent notamment sur la protection de l’aire centrale, le respect des zones tampon (où ne sont autorisées que des activités compatibles avec les objectifs de conservation), la participation des populations locales à la gestion et son adhésion aux projets de développement, etc. Autant d’éléments qui justifient sa désignation internationale par l’UNESCO comme site de démonstration du développement durable. Mais dans certains pays, comme en France, le Comité MAB n’a pas de pouvoir direct pour faire respecter ces engagements et influer, autrement que pas le dialogue et le rappel de la dimension symbolique de l’engagement international, sur la politique menée dans les réserves de biosphère. Quand les procédures et réglementations nationales ne sont pas enfreintes, c’est plutôt l’opportunité des aménagements envisagés et la méthode de dialogue au regard du concept et des objectifs de développement durable des Réserves de biosphère qui posent problème. On peut donc estimer que le contrôle par l’UNESCO devrait être renforcé au regard des obligations qui découlent du statut de Réserve de biosphère. C’est dans cet esprit que ce mécanisme d’alerte pour les Réserves de biosphère devrait être étudié, en s’inspirant de ce qui existe dans le cadre de la Convention du patrimoine mondial où les sites inscrits font l’objet d’un monitoring très systématique.

Janvier - 2019