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Par Cléa Vaulot, chargée de projet LIFE pour la Réserve de biosphère Entre Loire et Vilaine, des marais aux marées.

Jeudi matin. Le congrès vient de s’achever. Un dernier déjeuner dans la salle de réception, et nous quittons l’atmosphère formelle et généreusement climatisée du Centre international des expositions d’Hangzhou. Il est temps de voir de plus près la ville et sa région, modèles de la civilisation écologique “à la chinoise” tant vantée pendant ces quatre derniers jours. Nous montons dans les navettes prévues à notre usage. Chaque bus se voit assigner un numéro de groupe et un guide anglophone pour l’après-midi. Nous passons du centre d’affaires ultra-moderne aux quartiers d’immeubles résidentiels qui semblent se reproduire à l’infini. Le Parc national de Xixi fait figure d’exception face à cette expansion urbaine inarrêtable. Vestige des marais typiques de la région, c’est la première zone humide à avoir reçu un statut de protection forte en Chine en 2003. Ses 1150 hectares de canaux, lacs et bosquets en font un lieu de promenade très apprécié des habitants de Hangzhou et des touristes.

Avant de pouvoir découvrir le parc, nous visitons le Musée national des zones humides situé à l’une des entrées. Groupe après groupe, nous traversons un espace consacré aux zones humides dans le monde, à leur fonctionnement et aux enjeux de leur protection. Le visiteur passe ensuite par plusieurs reconstitutions de milieux présents en Chine, de la tourbière à la mangrove. Des installations artistiques qui visent à sensibiliser le public à la protection de l’environnement clôturent l’exposition. La scénographie mise en place est particulièrement immersive, elle mêle objets d’époque, maquettes de grande taille et outils numériques. Ces derniers sont omniprésents : projections interactives, hologrammes d’espèces disparues... Un film d’animation plonge le visiteur dans un paysage utopique, où zones humides restaurées et biodiversité abondante jouxtent des villes high-techs futuristes. Cette vision est accompagnée de messages solennels appelant à préserver les zones humides pour le bénéfice de l’humanité.

Nous avons peu de temps pour nous attarder dans le musée. Le programme de l’après-midi est minuté et une série de bateaux en bois nous attend déjà sur le quai du musée pour nous conduire au cœur du parc. La chaleur est étouffante. Les passagers se voient distribuer des éventails en plastique, le conducteur est le seul à profiter d’un petit ventilateur fixé à la paroi. Nous naviguons sur les canaux pendant une trentaine de minutes. Malgré le moteur électrique du bateau, la biodiversité se fait discrète à notre passage. L'œil attentif peut apercevoir un échassier ici et là dans un bras mort du canal. Nous remarquons que les berges sont stabilisées par des pieux de bois : des petits crabes ont creusé leurs galeries sur toute la longueur de la rive. Le guide met en avant le travail mené par les autorités locales afin d’améliorer la qualité de l’eau qui aurait permis le retour d’un grand nombre d’espèces de poissons et d’amphibiens. Il souligne la couleur naturelle de l’eau et l’absence d’odeur associée à une pollution des milieux aquatiques.

Depuis le bateau nous apercevons des bâtiments anciens et visiblement restaurés. Au moment de la création du parc, leurs habitants ont été déplacés et relogés dans les nouveaux quartiers résidentiels. Les maisons accueillent désormais boutiques de souvenirs et restaurants. On nous assure que les emplois créés sont occupés en majorité par les anciens habitants. La promenade se poursuit, nous longeons des vergers de pruniers et d’arbres à kakis. Leur culture remonterait à la période Song, soit entre le 10ème au 13ème siècle après J.C. La floraison et la récolte des fruits font l’objet de festivités très populaires et connues dans toute la Chine. Une fois débarqués sur la rive, nous passons devant de nombreuses échoppes proposant des kakis sous toutes les formes. Le circuit nous mène jusqu’à une placette bordée d’une pagode, de distributeurs automatiques de boissons, et d’un restaurant. Deux actrices costumées jouent un opéra chinois traditionnel sur une estrade. Il est pourtant difficile de se concentrer sur la performance : nous sommes distraits par un chien-robot qui vient à la rencontre du public. Ce n’est pas la première fois que nous assistons à une démonstration de ce genre. Des spectacles nocturnes de drones visibles en ville aux modèles de tous types présentés pendant le congrès, chaque occasion nous rappelle que Hangzhou est la capitale chinoise de la robotique.

Après quelques photos, nous sommes invités à monter à bord de minibus qui nous ramènent à l’entrée du parc. Nous y retrouvons le bruit de la circulation automobile, la foule de scooters électriques et de piétons mêlés. Derrière nous, Xixi reste une oasis de calme et de verdure dans l’agitation de la métropole.

Octobre - 2025