Immédiatement après sa création en 1991, EPIDOR a organisé le Sommet Vallée Dordogne, au cours duquel 51 négociateurs, représentant tous les usages de l’eau du bassin versant, ont adopté les 370 consensus qui constituent la Charte Vallée Dordogne. Depuis, tous les 10 ans, l’établissement organise les États généraux du bassin de la Dordogne. Leur objectif est de partager les diagnostics, d’identifier les enjeux sur lesquels concentrer l’action collective et de réactualiser la feuille de route d’EPIDOR pour la décennie à venir.

Chaque édition a imprimé une ambition et une impulsion nouvelles : en 2001, à Libourne les poissons migrateurs et le « plan esturgeon » ; en 2012, à Bergerac, l’étude prospective Dordogne 2050 et la désignation par l’UNESCO du bassin de la Dordogne en Réserve de biosphère.

La 3^e édition des États généraux du bassin de la Dordogne s’inscrit dans cette histoire. Dans cette édition qui s’est déroulée de janvier à avril 2023, 4 ateliers territoriaux ont été organisés, de l’amont à l’aval du bassin de la Dordogne, pour donner l’opportunité aux acteurs du territoire, dans leur diversité et au plus près du terrain, d’échanger et de participer. Ces ateliers ont réuni plus de 190 participants, dont un tiers d’élus, un tiers de représentants des acteurs économiques et de la société civile et un tiers de techniciens des collectivités et des institutions de l’eau. La concertation s’est appuyée sur un document d’Etat des lieux traitant de la gestion de l’eau sous trois angles : l’état de la ressource, l’état de la biodiversité et des milieux aquatiques, l’eau dans le territoire. Ce document s’est enrichi et renforcé grâce aux contributions des participants aux ateliers territoriaux. Des conférences d’experts sur la restauration écologique, l’impact du changement climatique sur la partie estuarienne, les mutations nécessaires à la gestion des risques et à la transformation des territoires de montagne, ont permis d’apporter de l’information scientifique et d’illustrer les enjeux du bassin par des exemples concrets.

Des événements organisés par d’autres acteurs du bassin ont constitué un « programme off » : des balades commentées ou conférences organisées par les 4 PNR, zones tampon de la Réserve de biosphère, une projection-débat sur les enjeux autour du partage de l’eau organisée par l’association Cinétoiles, un film documentaire réalisé par une équipe de jeunes dans le cadre d’un atelier cinéma, des fresques du climat animées par la Société Hydro-Electrique du Midi (SHEM).

Le 28 avril, le Congrès de clôture de la 3e édition des États généraux a rendu compte des constats, priorisations et propositions formulées par les participants. Au-delà de cette date, l’État des lieux du bassin de la Dordogne sera un document de référence utile pour la décennie à venir et pour les participants des prochains états généraux, qui se tiendront à l’horizon 2030.

Cette troisième édition s’inscrit dans la vie de la Réserve de biosphère du bassin de la Dordogne, puisqu’elle correspond aux dix ans de désignation. Le processus de concertation pour la réalisation de son examen périodique s’est ainsi appuyé sur la tenue de ces Etats généraux, durant lesquels l’objectif et le rôle de la Réserve de biosphère ont été questionnés. Catherine Cibien a été invitée à suivre les différents temps de concertation en tant que « grand témoin » des Etats généraux pour apporter un point de vue extérieur sur la forme et sur le fond des débats. Aussi, si les efforts menés depuis 30 ans sur l’ensemble du bassin ont réussi à limiter les dégradations, un travail est encore nécessaire pour inverser les tendances. La Réserve de biosphère peut avoir un rôle à jouer pour amener les acteurs à agir mais aussi à penser et construire les projets différemment afin de sortir des solutions traditionnelles et d’inventer d’autres moyens de préserver l’eau et la biodiversité. Les solutions mises en place ailleurs, dans d’autres Réserves de biosphère peuvent constituer des sources d’inspiration pour des décisions plus audacieuses, concertées, réfléchies et pesées.