Le lauréat de la 4^ème édition du Prix du Patrimoine Naturel de la Fondation Etrillard a été désigné et le prix revient cette année au Jardin botanique Flore-Alpe, porté par la Fondation Jean-Marcel Aubert, situé à Champex-Lac, en Valais (Suisse). Le jury a souhaité récompenser ce lieu unique qui allie conservation, recherche et médiation scientifique pour une compréhension sensible de l’environnement.

Ce jardin en pente d’un hectare était à l’origine un alpinum privé construit en 1927 par Jean-Marcel Aubert, industriel et ingénieur suisse passionné de montagne. Il a ensuite été ouvert au public, avec la volonté initiale d’étudier l’acclimatation des plantes alpines et de devenir une référence en matière de médiation scientifique et de recherche sur la flore des Alpes.

Conservatoire vivant de 4000 espèces de plantes, dont la moitié provient de la Suisse et du Valais, le lieu abrite un centre de recherche (le CAP). Des recherches autour de l’impact du réchauffement climatique sur la végétation de montagne sont menées par l’équipe du lieu, mais aussi par les visiteurs : ces derniers sont invités à utiliser leurs cinq sens, à participer à des ateliers et expériences, tels que des marathons créatifs, dans une logique d’« apprentissage transformatif ». Comme l’explique le directeur de Flore-Alpe, le biogéographe Christophe Randin : « En apportant une vision systémique, une compréhension du fonctionnement de ces écosystèmes au public par l’immersion et l’expérimentation, on peut mieux comprendre comment gérer, conserver, et améliorer la qualité de notre environnement et agir pour la sauvegarder. »

En plus des visiteurs accueillis tous les jours de mai à octobre, le jardin reçoit des chercheurs et artistes en résidence. Logés sur place grâce au chalet du site, ils poursuivent leurs travaux ou créent des œuvres d’art au coeur du jardin, permettant de porter un nouveau regard sur le paysage.

Une vision à laquelle le jury a été sensible, puisque le Prix du Patrimoine Naturel a vocation à soutenir les projets qui restaurent les espaces naturels et sont porteurs de sens. Flore-Alpe est ainsi un lieu paysager complet, qui par sa beauté et son approche immersive, incite les visiteurs à s’émerveiller pour mieux protéger leur patrimoine.

La dotation du Prix de la Fondation Etrillard va permettre de réhabiliter quatre écosystèmes emblématiques de la région et extrêmement riches :

• les steppes du Valais, témoins de la fin de la dernière grande glaciation ;
• les rocailles, qui permettent de cultiver la végétation alpine au-dessus de la limite de la forêt ;
• la flore dite « messicole », compagne des céréales, favorisée par l’agriculture traditionnelle de montagne ;
• les éboulis et moraines, peuplés par une végétation d’altitude adaptée à cet environnement rocheux et au grand froid.

Le jardin mettra en place de nouveaux outils de médiation pour permettre de comprendre ce qui a formé ces milieux de montagne. Par exemple l’aménagement d’un des chalets du jardin, le raccard, permettra d’expliquer la flore messicole. Un moyen de transmettre les savoirs ancestraux liés à cette flore aussi appelée « anthropogène » et de montrer que l’activité humaine est capable de générer de la biodiversité.

Aujourd’hui inscrit comme bien culturel suisse d’importance nationale, Flore-Alpe a deux ans pour finir ce projet ambitieux d’ici son centenaire qui sera célébré en 2027. « Le Prix du Patrimoine Naturel arrive à une période-clé pour le Jardin Flore-Alpe, avec le centenaire de l’aménagement du jardin. La réhabilitation de ces écosystèmes va améliorer l’expérience des visiteurs et contribuer au rayonnement du jardin pour le jubilé et les années à venir », conclut Christophe Randin.

Le Prix du Patrimoine Naturel de la Fondation Etrillard est né de la volonté de préservation et de développement des espaces naturels existants. Il valorise l’idée que la nature, comme l’art ou l’architecture, constitue une part entière du patrimoine collectif, qui doit être protégée, enrichie et transmise. Au travers de ce prix, la Fondation Etrillard soutient ainsi financièrement des projets ambitieux et innovants, qui visent à réhabiliter des sites délaissés ou en voie de transition écologique. D’une dotation de 30 000 CHF, il permet ainsi au lauréat de poursuivre son projet au bénéfice de la protection de la nature et du bien-être de l’Homme.