New

La tribune à Alice Roth, représentante du MAB France suppléante au Comité national de la biodiversité (CNB)

Rappelez-vous, en décembre 2022, à Montréal, un nouveau cadre mondial sur la biodiversité était adopté par les 196 Parties lors de la COP 15 de la Convention sur la Diversité Biologique. En préparation et à la suite de cet accord, la France a conduit un travail d’introspection et de concertation pour appliquer ses engagements internationaux et élaborer sa nouvelle Stratégie Nationale Biodiversité 2030 (SNB3). Celle-ci succède aux deux premières stratégies (SNB 1 et 2) afin de réduire les pressions sur la biodiversité, restaurer et protéger les écosystèmes, et susciter des changements transformateurs de la société pour inverser la trajectoire de déclin de la biodiversité.

La SNB 3 s’appuie sur le bilan et les enseignements tirés notamment de la SNB 2. Bien que plus ambitieuse que les deux précédentes stratégies, un avis et des recommandations ont été votées ce lundi 16 octobre par le Comité national de la biodiversité pour améliorer le projet de SNB 3 et la porter à la hauteur des défis actuels et à venir auxquels le pays est confronté.

Pour lui donner les moyens de ses ambitions, contribuer à l’intégration des enjeux de biodiversité dans tous les secteurs d’activités, au-delà des seules politiques de préservation et de restauration de la biodiversité et provoquer des changements en profondeur dans les secteurs impactant la biodiversité, la SNB 3 devra bénéficier d’un portage politique et d’une reconnaissance juridique forts, d’une gouvernance globale, pluraliste, efficace et pérenne, qui ne se limite pas à la coordination interministérielle. Des objectifs ambitieux doivent être affichés concernant l’intégration des enjeux de biodiversité dans les politiques sectorielles telles que l’agriculture, l’urbanisme, l’industrie, l’eau ou encore l’aménagement du territoire. Elle devra en particulier garantir la prise en compte de la biodiversité dans les stratégies actuelles et à venir sur le climat et à l’énergie, et bien entendu être intégrée à la mise en œuvre et la territorialisation de la planification écologique.

Dans cette lignée, la mobilisation de l’ensemble des acteurs et des citoyens, au-delà des pouvoirs publics, est impérative pour réduire les pressions sur la nature et développer des modes de vie et des modèles économiques compatibles avec des écosystèmes en bonne santé. Un accompagnement des acteurs du secteur privé, en particulier des entreprises, est indispensable pour identifier et gérer les dépendances et les impacts sur la biodiversité, selon des indicateurs robustes et scientifiquement prouvés. Une attention particulière devra être portée à l’information et à la sensibilisation des citoyens pour favoriser leur participation à l’élaboration des politiques publiques et aux décisions impactant la biodiversité.

Sur ces questions en particulier, notre réseau national et international de Réserves de biosphère propose des sites d’expérimentation et d’innovation, porteurs de solutions pour une transition écologique juste et solidaire.

Enfin, il est bon de rappeler que ces efforts resteront vains s’ils ne sont pas accompagnés d’un considérable renforcement des moyens tant financiers qu’humains et d’une politique stricte et ambitieuse de réduction puis de suppression des subventions dommageables à la biodiversité dans les prochaines années.

Octobre - 2023