Tribune à... Nathalie de Pompignan et Camille Zieger
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Depuis septembre 2021, deux nouvelles réserves de biosphère ont rejoint le réseau français. Nathalie de Pompignan, présidente de la Réserve de biosphère de Martinique et Camille Zieger, président de la Réserve de biosphère de Moselle Sud partagent leur fierté et leurs projets avec nous.
La Martinique et la Moselle Sud viennent d’être désignées Réserves de biosphère par l’Unesco. En quoi cette désignation est-elle importante pour vos territoires ?
Nathalie de Pompignan, présidente de l’association Martinique Réserve de biosphère
Cette désignation permet à l’ensemble de la Martinique d’être valorisée sur la scène internationale, d’accroître son attractivité et sa visibilité touristique, de bénéficier ainsi de retombées économiques et sociales et de coopérer avec des pays faisant face aux mêmes défis, à l’échelle mondiale, caribéenne et nationale. Par elle, le territoire se hisse dans son ensemble, espace terrestre et marin, au niveau international et accède aux réseaux des réserves de biosphère.
C’est aussi la reconnaissance d’une méthodologie participative et fédératrice. En ce sens, la démarche de la Martinique est singulière. Il s’agit d’une initiative portée par la société civile, constituée en association : l’association Martinique Réserve de Biosphère, créée en 2017 et qui a rassemblé 18 membres fondateurs de tous horizons, bénévolement engagés. Elle s’est investie de façon à entreprendre cette démarche en 3 ans. Elle a mobilisé durant 13 mois chacune des 34 communes du territoire en présence des maires, élus et habitants, lors de réunions publiques d’information et de co-construction de la candidature, amplement relayées par les médias et dont les comptes-rendus ont tous été publiés sur le site de l’association. Elle a rassemblé 4500 participants qui ont pleinement pris part à cette démarche, défini les atouts du territoire et formulé des propositions très concrètes. Cette méthode leur a apporté beaucoup de satisfaction. La qualité du travail et l’implication des habitants ont d’ailleurs retenu l’attention et obtenu les félicitations du comité consultatif international des réserves de biosphère.
Une telle désignation est une joie, une fierté et une reconnaissance pour tout le territoire. Elle est également une prise de conscience de la richesse de la Martinique, de ses atouts naturels et culturels et de ses savoir-faire, et de la nécessité de les préserver et les valoriser. Elle offre une place majeure à l’éducation à l’environnement et à la recherche scientifique sur 3 thématiques importantes, déterminées par les participants : les sargasses, le chlordécone et les changements climatiques.
La reconnaissance de la Martinique engage, de même, le territoire dans une démarche de développement soutenable et de préservation, valorisation et promotion de ses ressources, de ses bonnes pratiques et de ses initiatives positives. Elle est une opportunité destinée à montrer l’exemple et motiver d’autres acteurs socio-économiques à entrer dans cette démarche vertueuse.
Enfin, la Martinique fait face à de nombreux défis, dont l’exil de la jeunesse. Nous espérons que cette désignation lui redonnera espoir, afin qu’elle puisse s’approprier ce titre mondial et envisager à terme un avenir sur le territoire.
Camille Zieger, président du PETR du Pays de Sarrebourg
C'est un sentiment de grande fierté que nous ressentons de voir aboutir positivement notre démarche collective de candidature.
Née de la réflexion de notre Conseil de Développement, la démarche du PETR du Pays de Sarrebourg et ses deux communautés de communes a voulu également associer le territoire voisin et je veux remercier très sincèrement le Parc Naturel Régional de Lorraine et la Communauté de Communes du Saulnois de nous avoir rejoints et de leur implication.
Être reconnu Réserve de biosphère de l'Unesco, c'est un honneur pour notre territoire et une fierté pour nos habitants. C'est un aboutissement heureux, mais aussi et surtout le point de départ d'une grande responsabilité dans la préservation de notre cadre de vie et son environnement. Avec cette décision du 15 septembre 2021 de l'Unesco, la Réserve de biosphère de Moselle Sud est officiellement créée, quinzième réserve au plan national français. De fraternelles salutations à toutes les réserves et nos félicitations à la Martinique.
Nous devrions d'ailleurs avoir le plaisir d'accueillir en fin d'année sur notre territoire la tenue des Rencontres annuelles des réserves de biosphère françaises et jeter les bases d'une collaboration nationale et internationale à venir.
Cette reconnaissance est un fait historique pour la Moselle Sud, le fruit d'une collaboration qui s'est affranchie des limites administratives habituelles pour aboutir à un nouvel espace de cohésion environnementale et naturelle, totalement inédit.
En la personne de Catherine Cibien, je voudrais remercier le MAB France de son soutien et de ses précieux conseils. Au soir de la reconnaissance, j'ai encore en mémoire les mots de félicitations de Didier Babin et je l'en remercie vivement.
J'imagine aisément que tous les acteurs de notre territoire se sentent concernés dans leurs activités par cette reconnaissance d'un territoire à haute valeur écologique. C'est le fruit de nos comportements raisonnés et respectueux de notre environnement et de ceux qui y vivent. Il nous appartient d'encore plus mobiliser nos habitants, pour l'avenir de nos générations futures.
Avec 1400 km² de superficie, près de 140 communes impliquées, plus de 93% de forêts, d'espaces naturels et agricoles, la Réserve de biosphère de Moselle Sud est un lieu riche en biodiversité et en variétés de paysages où alternent étangs naturels, cours d'eaux, prairies et espaces cultivés, massifs forestiers et mares salées. Conformément aux objectifs du programme UNECO, il convient de les préserver, par un développement durable et raisonné et la sensibilisation de tous à un comportement eco-citoyen.
Quelles sont les actions que vous voudriez mettre en place dans les prochains mois ?
Camille Zieger
Préparée au cours du premier semestre 2021, la gouvernance de la Réserve de biosphère de Moselle Sud est opérationnelle et pourra dès 2022 lancer les premières actions du plan de gestion de la Réserve. Pour le premier semestre 2022, des actions de communication et d'animation pour le grand public sont en projet, car il est important de partager cette reconnaissance avec la population.
Par ailleurs, nous retrouvons également la création d'Aires terrestres éducatives, la préparation de plusieurs Atlas de Biodiversité Communale et un dispositif d'actions en faveur de l'éco-tourisme dans le cadre du dispositif de l'État Avenir Montagnes.
Je souhaite enfin que nous examinions rapidement les conditions de création du Conseil Scientifique, socle d'une capacité d'action significative avec tous nos partenaires de la gouvernance dans la préservation de nos nombreux écosystèmes de biodiversité.
Nathalie de Pompignan
Durant les prochains mois, l’association Martinique Réserve de Biosphère sera pleinement impliquée dans la mise en place de la gouvernance : la création du Comité de gestion, dont la présidence sera partagée avec la Collectivité territoriale de Martinique, et la formalisation des instances consultatives : le Conseil scientifique et le Collège des gestionnaires des aires protégés.
Conformément aux propositions des habitants, 5 commissions de travail seront également constituées :
- Préservation, protection et valorisation de la biodiversité et des ressources naturelles
- Réappropriation de l’identité culturelle du territoire
- Promotion d’activités engagées vers le développement soutenable (souveraineté alimentaire, tourisme, énergies et transport)
- Éducation à l’environnement
- Recherche axée sur trois thématiques : sargasses, chlordécone et changements climatiques
Les projets de lancement ont d’ores et déjà été identifiés : un livret de sensibilisation scolaire à la préservation de l’environnement et au développement soutenable, ainsi qu’un forum des jeunes de l’Outre-Mer rassemblant la jeunesse des réserves de biosphère de la Guadeloupe et de la Martinique. La recherche scientifique concernant les sargasses, notamment, est actuellement sujet d’entretiens avec des acteurs du monde de la recherche en vue d’établir une coopération caribéenne.