New

Par Marie Hascoët, coordinatrice de la Réserve de biosphère des îles et de la mer d'Iroise pour le Parc marin d'Iroise.

Se lancer à la découverte de la montagne Tianmushan, c’est tout d’abord monter dans un mini-bus et attacher sa ceinture (les chauffeurs chinois sont très attentifs au port de la ceinture de sécurité). C’est aussi coller derrière ses oreilles des petits patchs thérapeutiques, distribués par notre guide, qui vont agir sur des points d’acupuncture pour nous éviter le mal des transports. Le sommet ne s’atteindra en effet qu’après le passage de 200 virages serrés, rythmés par autant de coups de klaxon qui préviendront les autres automobilistes de notre arrivée au tournant.

Une autre façon d’y accéder est d’oser le trail de 4h30 qui part du magnifique temple bouddhiste de Chanyuan et qui consiste en la montée d’un nombre incalculable de marche, sous 35°C et 90% d’humidité, après avoir passé un portique sous l’œil vigilant de caméras postées en pleine forêt. Tout le long du parcours, des panneaux vous informent des dangers de cette ascension si vous souffrez de troubles cardiaques.

Dans un cas comme dans l’autre, vous serez soulagés d’arriver en haut du Mont Tianmu, entièrement recouvert par les arbres splendides d’une forêt primaire subtropicale où les nuages s’accrochent bien volontiers. Ce massif tire son nom (Tianmu en chinois signifiant « Yeux du ciel ») de ses deux sommets principaux ressemblant à des yeux regardant le ciel. La montagne Tianmushan est aussi la ligne de partage des eaux des fleuves mythiques, le Quiantang et le Yangtse. Désignée réserve naturelle en 1956, puis Réserve de biosphère en 1986, elle est étendue en 2024 pour former la Réserve de biosphère de Tianmushan-Qingliangfeng qui couvre désormais une surface de 547,3 km2. 

Lorsque vous explorez les sentiers de la réserve, vous sentez que vous êtes dans un lieu particulier dans lequel les êtres humains ont toujours vécu dans une harmonie aux formes renouvelées avec la nature. Les arbres sont des arbres à prières où les vœux sont suspendus en bandelettes rouges flottant aux vents. Certains sont considérés comme des rois, des « King Trees », et sont vénérés pour leur capacité à traverser les dynasties. Les ginkgo biloba (quelques individus ont plus de 800 ans) laissent tomber leurs feuilles en écus et leurs fruits nauséabonds et salvateurs.

Les visiteurs de la réserve sont des Chinois, venus en famille. Les selfies avec les arbres sont de mise et alimentent les « moments » de l’application WeChat (la version chinoise de WhatsApp). Quelques fois, sur les chemins, des voix s’élèvent et chantent, sur des rythmes modernes, des mélodies ancestrales. Des pavillons aux architectures traditionnelles rythment le parcours : un temps de repos pour reprendre des forces en grignotant noisettes ou autres fruits secs. Un écureuil bondit sur une branche. Un jeune faisan argenté (Lophura nycthemera) s’arrête un instant, éclatant de blancheur, avant de disparaître. L’orvet Dopasia harti traverse le chemin humide, surprenant le marcheur.

Le thé Long Jing de Hangzhou ou bien une glace aux petits pois, servis au temple Huanzhu Shanfang, sonneront la fin de la visite, vite avant que la dernière navette ne redescende la vallée et ses 200 virages, sous l’œil imperturbable du léopard !

Octobre - 2025