People for living waters, un réseau international des Réserves de biosphère dédié aux cours d’eau et milieux aquatiques continentaux
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Par Justine Quetier, coordinatrice de la Réserve de biosphère du bassin de la Dordogne
Plus de 200 Réserves de biosphère dans le monde sont concernées et impliquées dans la gestion d’écosystèmes aquatiques continentaux (rivières, deltas, estuaires, marais, etc.). Elles ont développé des techniques de gestion de ces écosystèmes grâce à de la recherche-action, aux solutions fondées sur la nature et à l’implication des populations locales.
Avec la pression grandissante du bouleversement climatique, les signaux d’alerte impactant la ressource en eau se multiplient : pollution croissante, rivières asséchées, zones humides en déclin, inondations soudaines…
L’officialisation de réseau international « People for living waters » lors du 37e Comité international de coordination du programme MAB est une opportunité offerte de renforcer la préservation des écosystèmes aquatiques intérieurs.
Une initiative née dans le réseau EuroMAB
Le projet de réseau dédié aux écosystèmes aquatiques continentaux est né à l’occasion de la conférene EuroMAB organisée en France en 2017 à Sarlat, dans la Réserve de biosphère du bassin de la Dordogne. Des réserves réunies en un groupe de travail ont défini collectivement une déclaration d’intention pour la création d’un réseau MAB dédié à ces écosystèmes.
Ses objectifs ?
Travailler à une plus grande reconnaissance internationale des écosystèmes aquatiques intérieurs, contribuer aux débats sur l’avenir de ces écosystèmes et participer à une meilleure reconnaissance locale des désignations internationales et des outils de protection (Convention Ramsar, Natura 2000, etc.) en s’appuyant sur les valeurs et les solutions expérimentées dans le réseau des réserves de biosphère.
Des enjeux et préoccupations communes amplifiées par le changement climatique
L’eau et les milieux aquatiques continentaux sont soumis à de fortes pressions et leurs impacts sont d’autant plus difficiles à gérer ou contenir car amplifiés sous l’effet du changement climatique : pollution de l’eau, détérioration morphologique des cours d’eau, chute de la biodiversité aquatique, perte de zones d’expansion de crues, impacts liés à la présence de barrages, conflits d’usages, prolifération d’espèces invasives ou encore disparition du patrimoine culturel lié à l’eau.
Outre ces impacts environnementaux, de nombreux facteurs géopolitiques influencent les capacités d’actions des structures gestionnaires, telles les conflits entre préservation environnementale et intérêts économiques portés par l’influence de lobbies, l’influence de facteurs extérieurs aux périmètres de gestion ou encore le statut international de cours d’eau transfrontaliers.
Le réseau « People for living waters », un cadre d’action collective
Ce que l’officialisation apporte
En combinant leurs trois fonctions fondamentales, les Réserves de biosphère ont la capacité d’expérimenter de nouvelles approches pour résoudre ces problèmes : une approche scientifique basée sur la recherche et le suivi des écosystèmes, conduisant parfois à la réalisation de travaux de restauration écologique ; leur rôle de coordination des acteurs des secteurs privé et public ; la promotion du dialogue multi-acteurs, de la formation et de l’implication des habitants.
La reconnaissance par l’UNESCO du réseau « People for living waters » en tant que réseau officiel de son programme Man and the Biosphere, à l’occasion du 37e Comité international de coordination à Lin’an, est l’opportunité pour les Réserves de biosphère d’engager une dynamique de travail concrète.
Comment ça fonctionne ?
A ce jour le réseau est animé par trois pays : la France, l’Allemagne et l’Italie, selon un principe de binômes échelon national (Comité national, université, ministère) - échelon local (Réserve de biosphère).
Le réseau est ouvert à toute réserve de biosphère concernée par la gestion d’écosystèmes aquatiques continentaux et souhaitant contribuer aux échanges, partager ses expériences et participer aux futures actions ou projets co-construits grâce au réseau.
Les actions et projets envisagés au sein du réseau porteront sur l’appui à la gestion et à la gouvernance des réserves de biosphère ; le développement et le partage des connaissances pour la gestion des écosystèmes aquatiques ; l’éducation, la formation et le renforcement des capacités ; l’information et la communication. Il s’agira notamment de faciliter le montage de projets multipartenaires, d’organiser des échanges d’expériences à travers des webinaires et des voyages d’études, développer une charte pour des événements grands publics labellisés « People for living waters », etc.