Tribune à... Jean-Marie Chanabé
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La tribune à Jean-Marie Chanabé, directeur du Syndicat Mixte des Gorges du Gardon, structure porteuse de la Réserve de biosphère.
Arbres en berne, sols lézardés, cours d’eau asséchés, faune assoiffée… L’été 2022 aura été chaud, très chaud sur l’ensemble de la planète et en France. Aucun lieu n’aura été épargné. De tristes records ont ainsi été battus avec, pour n’en citer que quelques-uns, 39.3° C à Brest, 40.5° C à Nantes, 42.6° C à Biscarosse… Les effets du réchauffement climatique se font, cet été, directement sentir. Ils sont multiples et affectent aussi bien la nature que l’activité et le bien-être des êtres humains : coupures d’eau et restrictions d’usage, centrales nucléaires arrêtées, liaisons ferroviaires perturbées, 48000 hectares de forêt carbonisés par les flammes ainsi que les espèces qui y trouvaient refuge, baisse des rendements agricoles, altération des eaux de baignade…
Il ne s’agit pas de verser dans le catastrophisme mais d’éviter en revanche tout déni. Oui, l’instant est grave. Oui, le constat est partagé par la communauté scientifique et une majorité d’individus. Oui, les évènements imposent une réponse immédiate et collective. Non, ce qui a été entrepris jusqu’à présent n’est pas à la hauteur du défi auquel nous devons faire face (la suppression des pailles en plastique et éteindre le wifi ne nous sauveront pas…). Non, la solution ne repose pas exclusivement sur les comportements individuels et les grandes entreprises doivent réellement agir (source : Courrier International – 20/07/22 – « Les promesses de neutralité carbone des multinationales, un vaste enfumage »). Non, ça n’ira pas mieux demain si nous n’agissons pas.
Il est temps d’agir ! Tout a été dit ou presque par le GIEC. Le diagnostic n’est plus à faire ou à peaufiner.
Des territoires expérimentent, mettent en œuvre des solutions concrètes, cherchent les voies de l’atténuation et/ou de l’adaptation au changement climatique. Les élus, les techniciens, les éco-acteurs des Réserves de biosphère figurent parmi ceux-ci. Végétalisation des façades, isolation des bâtiments, désimperméabilisation des sols, développement de mobilités douces, circuits courts, production d’énergies renouvelables, modification de l’albédo des surfaces, restauration des zones humides, low technologie…sont autant de chemins possibles pour limiter et faire face à l’inéluctable hausse des températures.
D’autres initiatives originales naissent ici et là et sont la démonstration par la preuve que de nouveaux modèles de développement sont possibles. Plus économes des ressources naturelles, plus vertueux, plus respectueux du vivant, ils prennent souvent la forme de tiers lieux et sont plus résilients face aux changements climatiques en cours. Macondo dans l’Hérault, AlterECo 30 dans le Gard et les Amanins dans la Drôme en sont l’illustration mais ils ont des « petits frères » ailleurs en France et en Europe. Les Réserves de biosphère françaises ont un rôle majeur a joué pour soutenir ces initiatives locales et accélérer la rupture écologique qui s’impose. Rupture et non transition car la transition s’inscrit dans un temps long, or le temps est compté si nous souhaitons respecter les accords de Paris et limiter le réchauffement climatique à 2°C.
Les Réserves de biosphère ont par ailleurs récemment décidé d’agir davantage pour le climat en unissant leur force, en mutualisant leurs compétences et expériences, en faisant converger leurs actions et en mobilisant les forces vives de leur territoire. Comment ? En candidatant au programme LIFE Climat de l’Union Européenne. Un outil qui permettrait de mobiliser davantage de moyens techniques et financiers pour parvenir aux objectifs que les Réserves de biosphère se fixent : contribuer à l’enrayement de la trajectoire climatique dans laquelle nous nous inscrivons et qui nous conduirait à revivre, à l’identique ou en pire, l’été 2022 !